Madame la présidente,
Comme vous le savez, l’amiante est une fibre qui a été utilisée jusqu’en 1997 en France dans de nombreux matériaux et produits de construction. Composé mortel lorsqu’inhalé, pas moins de 90 000 décès seraient dû à l’amiante chaque année au sein de l’Union européenne, et c’est en augmentation. Dans les pays industriels, des études récentes montrent même que 20% des mésothéliomes (cancers) sont dus à cette fibre. Présente dans nos murs et dans nos équipements, il s’agit d’une pandémie silencieuse et à retardement ; l’un des plus grands enjeux actuels de santé publique.
Les travailleurs sont en première ligne face à ce fléau. Pour eux, ce sont 78% des cancers qui sont causés par l’amiante. C’est dans ce contexte qu’en 2011, des conducteurs du RER B ainsi que des ouvriers de maintenance de l’atelier de Massy, ont fait valoir leur droit de retrait suite à la découverte de traces d’amiante sur la ligne. En effet, plusieurs rames MI79 rénovées contenaient de l’amiante située dans le bas de caisse des trains. Si heureusement les voyageurs n’étaient pas exposés à la fibre, les ouvriers chargés de la maintenance l’étaient. À la suite de cette rénovation, un contrat a été passé entre la région Île-de-France et Alstom afin de rénover le matériel de génération 1984. Au total, ce sont 31 trains datant de cette année-là (MI84) qu’il fallait rénover. Cependant, des retards dans l’exécution du contrat sont survenus du fait d’analyses positives à la présence d’amiante menée à l’atelier de Massy avant la remise en service pour les voyageurs. Finalement, à ce jour seules 10 rames MI84 rénovées circulent sur la ligne B, alors que le contrat devait se terminer en 2021. 5 autre trains sont encore en cours de rénovation, dépollution et contrôle à l’atelier RATP de Sucy-en-Brie et le reste ne sera donc remis en service qu’après une amélioration limitée. Quant aux nouveaux trains MI20, ils pourraient n’être livrés qu’en 2027, excluant donc encore pour plusieurs années le remplacement des MI84.
Bien que les ouvriers chargés de la maintenance soient ceux de la RATP et de ses sous-traitants, en tant que donneur d’ordre par le biais d’Île-de-France Mobilités, il est aussi de votre responsabilité de garantir leur sécurité et vous assurer de leur bien-être au travail. Mon collègue conseiller régional du groupe LFI à la région Île-de-France, Philippe Juraver, vous a interpellé il y a quelques mois à ce sujet. Députée européenne et rapportrice sur le projet de révision de la directive concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à une exposition à l’amiante (2022/0298(COD)), je joins aujourd’hui ma voix à la sienne. Pouvez-vous garantir que les rames non rénovées ne contiendront plus d’amiante ? À défaut, quelles mesures allez-vous mettre en oeuvre, en lien avec la RATP, pour protéger les ouvriers chargés de la maintenance des trains ?
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie de recevoir, Madame la présidente, mes salutations républicaines.
Marina Mesure