Monsieur le préfet,
Dans l’Hérault, dans la commune de Montagnac, la mairie a entrepris de vendre en toute opacité le forage d’eau souterraine de la Castillonne, inexploité, à la multinationale Alma (Cristalline, Saint-Yorre, Thonon) qui compte y construire une usine de 15.000 mètres carrés et produire près d’1,6 millions de bouteilles d’eau par jour. Alors même que le département connait une sècheresse sans précédent et que les habitants ont été soumis à des restrictions pendant plusieurs mois, privatiser ce bien commun aux dimensions exceptionnelles parait être une aberration. Les habitants, à juste titre, ne comprennent pas la décision de la mairie et préfèreraient que le forage soit un bien public profitant à toutes et tous.
En effet, le dérèglement climatique impacte le cycle de l’eau. Les sécheresses s’accumulent et l’eau vient à manquer. D’ici 2030, 30 % de la population européenne vivra dans des régions où l’eau sera rare toute l’année. Malgré les alertes, l’eau est de plus en plus gérée comme une marchandise et fait l’objet de spéculations toujours plus fortes. Ce système tire profit de la catastrophe qu’il provoque et l’or bleu se retrouve accaparé quasi gratuitement par les multinationales, de Nestlé à Danone en passant par Alma, alors qu’il s’agit d’un bien commun vital à tous. Pour rappel, en 2012/2013, l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) Right2Water, première ICE à recueillir plus d’un million de signatures, urgeait l’UE d’agir contre la libéralisation de la ressource et de garantir le droit humain à l’eau, soulignant l’inquiétude de la population à ce sujet.
De plus, la production de bouteilles plastiques à usage unique, qui représente une part non négligeable des recettes de ces grands groupes, constitue une pollution conséquente puisque chaque minute dans le monde, ce ne sont pas moins d’un million de bouteilles plastiques qui sont vendues et qui terminent par polluer les rivages de notre planète.
Enfin, s’il est vrai que la sécurisation et la rénovation du forage représenteraient un coût important pour la municipalité de Montagnac, il serait pourtant envisageable que le département, la région et l’agglomération participent au financement d’un tel projet d’intérêt général.
Pour l’ensemble de ces raisons, je vous demande solennellement de rester attentif à ce dossier.
Comptant sur votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le préfet, l’expression de ma haute considération.
Marina Mesure