Monsieur le ministre,
Dans le Vaucluse, sur la commune de Pertuis, 86 hectares de terres agricoles pourraient bien être artifartificialisés, causant des dommages irréversibles. Il s’agit d’un projet d’extension de la zone d’activité de la ville, qui engendrera d’importantes conséquences déplorables, tant socialement qu’écologiquement, si les décideurs politiques concernés, dont vous faites partie, n’agissent pas à temps.
En effet, 70 % de la surface prévue à artificialiser est actuellement exploitée par des agriculteurs, dont la production permet de nourrir les populations alentour. En tout, il s’agit de 230 parcelles qui seraient exseraient expropriées et une trentaine de familles qui seraient alors contraintes de déménager, lesquelles n’ont aucune solution de relogement de proposées à ce jour. Si ce projet aboutit, ce sera une croix faite sur ces terres qualifiées comme étant d’une qualité exceptionnelle, ce qui aura aussi pour conséquence de mettre en danger la sécurité alimentaire de la région.
Écologiquement, ce projet est une aberration car l’artificialisation décimerait la biodiversité locale. À Pertuis, c’est en particulier une variété de papillon, la Diane, qui serait assurément éteinte du fait de la disparition de la fleur dont elle dépend, l’aristoloche, qui fleurit sur ces terres. De plus, il faut tenir compte du fait que l’artificialisation des sols pose de véritables problèmes d’écoulement des eaux, ce qui, pour une région de plus en plus exposée aux intempéries du fait du réchauffement climatique, est voué à favoriser les inondations. La digue de la Durance, qui a été renforcée dans l’objectif de faire valider le PPRI et ainsi permettre le commencement des travaux, ne réglera pas cette problématique. En effet, la zone d’emprise n’est pas inondée par la Durance mais par des eaux de ruissellement à chaque gros orage. Ainsi, les terres sont régulièrement plongées sous 15 à 20 centimètres d’eau, à tel point que Pertuis a été déclarée en 2019 en état de catastrophe naturelle à la suite de deux inondations. En ce sens, ce projet s’avère radicalement contraire aux objectifs de la loi « Climat et résilience » de 2021, qui fixe pour 2050 un objectif « Zéro artificialisation nette » et une réduction de 50 % d’ici la fin de la décennie.
Le coût de ce projet est en outre largement sous-évalué. L’enveloppe de départ était initialement établie à 3 millions d’euros, elle monte aujourd’hui à 13 milli ons d’euros en ne comprenant que les coûts d’acquisition foncière par l’Établissement public foncier. À cela, il faudra nécessairement ajouter différents coûts tels que le prix de la consolidation de la digue, le coût de la dépollution de la nappe phréatique, le relogement des personnes expropriées ou encore par exemple les travaux pour l’amélioration du réseau d’assainissement et du pluvial, lequel serait totalement à reprendre. Vous l’aurez compris, ce projet est aussi extrêmement coûteux.
Enfin, ce n’est qu’à titre dérogatoire que la préfecture du Vaucluse a pu émettre en 2020 une déclaration d’intérêt public pour ce projet. Cette dérogation repose essentiellement sur le fait que certains locaux construits sur ces terres pourraient être exp loités dans un but de stockage par le projet ITER. Cependant, ITER a signalé qu’il n’était intéressé par ce projet que pour une location provisoire et dans le cadre d’un usage à partir de 2022, ce qui ne sera pas le cas étant donné que les travaux n’ont pa s commencé. Artificialiser 86 hectares, avec toutes les conséquences que cela induit, sur le fondement d’un usage d’ITER à titre temporaire ne nous semble pas justifié. Un autre argument avancé par les porteurs du projet est celui de la saturation des dema ndes d’installation des entreprises sur le territoire. Cela n’est pas un fondement davantage convaincant, puisque seule une entreprise a fait connaître publiquement à ce jour son intention d’occuper cette extension de la zone d’activité, et seulement en partie.
Conscients de la terrible perte que constituerait cette artificialisation pour les environs, de nombreux collectifs et associations se mobilisent sur ces terres afin d’empêcher le commencement des travaux. Si ces derniers devaient commencer, nous po urrions assister à un enveniment de la situation semblable à celui dans les des Deux Deux-Sèvres, ce qui n’est pas souhaitable.
Pour l’ensemble de ces raisons, nous vous demandons solennellement d’intervenir auprès du préfet
du Vaucluse, qui a émis la déclarat ion d’utilité publique, ainsi qu’après de la métropole d’Aix d’Aix-Marseille, qui finance et pilote le projet, afin d’obtenir l’abandon de celui celui-ci.
Comptant sur votre attention, nous vous prions d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de notre
haute considération.
Marina Mesure et Manuel Bompard