Précisions concernant mon vote au Parlement européen de la résolution sur le conflit israélo-palestinien

(Écrit le 25 octobre 2023) Le Parlement européen s’est prononcé le 16 octobre via une résolution, sur les évènements tragiques en cours en Israël et en Palestine. Dans le contexte d’une escalade du conflit et de son extension potentielle à toute la région, l’expression du Parlement européen avait une importance singulière.

J’y ai défendu, par voie d’amendement, de nombreux passages du texte. Ainsi, j’ai voté en faveur et sans ambiguïté le fait de « condamne[r] avec la plus grande fermeté les attentats terroristes et les meurtres abjects commis par le Hamas contre Israël et sa population et exprime [m]on soutien à l’État d’Israël et à sa population ».

Le massacre de femmes, hommes et enfants innocents par le Hamas ainsi que la prise d’otages civils n’a aucune justification possible. En ma qualité de députée européenne, je demande la libération immédiate et sans conditions de tous les otages retenus à Gaza.

Au même titre, et afin de protéger la vie des civils innocents sans distinction de nationalité, je soutiens, en vertu du droit international, « que le blocus de la bande de Gaza soit levé et condamne la politique de punition collective menée à l’encontre de ce territoire ».

Parce que chaque vie compte, je condamne toute attaque à l’encontre des populations civiles et appelle à ce que les criminels de guerre soient poursuivis devant les instances judiciaires internationales compétentes.

Alors que le bilan humain de ce conflit s’élève déjà à plusieurs milliers de morts dont la moitié sont des enfants, j’ai conditionné mon soutien à la résolution européenne à une demande de cessez-le-feu immédiat, conformément à la position du secrétaire général des Nations-Unies. C’est la priorité pour éviter que plus d’innocents ne perdent la vie. Malheureusement, la majorité des députés a exclu du contenu de la résolution l’exigence d’un cessez-le-feu et la fin du blocus de Gaza, d’où mon opposition finale au texte. Car, à défaut d’appeler à la paix, à quoi sert notre voix ?  Contribuer à la désescalade en période de guerre, c’est aller à contrecourant d’une volonté souvent majoritaire de vengeance.

De même, je n’aurais de mot assez fort pour condamner les attaques antisémites, racistes et islamophobes dont sont victimes, en France et ailleurs, encore une fois des innocents.

De nombreuses prises de position publique, par des responsables politiques et certains éditorialistes, instrumentalisent ce conflit pour laisser croire que nous sommes antisémites. J’en suis profondément heurtée à plusieurs titres. D’abord personnellement, car plusieurs de mes aïeux ont résisté et combattu au péril de leur vie l’Allemagne nazie et c’est, inspirée de leur combat pour la liberté, que j’ai décidé de m’engager politiquement. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme a toujours été au cœur de mon engagement politique. Je n’accepterai à aucun moment que cela puisse être remis en cause. Cette campagne de désinformation au-delà d’être abjecte, car contraire à mes convictions profondes, peut également mener à des drames. En effet, ce discours alimente une haine de certains élus, dont je fais partie. J’ai reçu de nombreuses menaces de mort du fait de ma position sur le sujet. Je m’inquiète de cette instrumentation de la haine par opportunisme politique qui pourrait importer le drame qui se déroule au Proche Orient au sein de notre continent et de notre pays. En tant que femme de gauche, je m’inscris dans l’héritage politique de Jaurès et de Zola pour la paix.

Marina Mesure, Députée européenne LFI