Tribune publiée dans La Marseillaise, le 13 mars 2024
Dès 2009, le Pays d’Aubagne et de l’Etoile est devenu un pionnier en matière de mobilité avec un choix
politique fort : l’accès gratuit à ses transports publics. Depuis, il a été rejoint par de nombreuses villes comme Dunkerque, Calais ou encore Niort et plus récemment, Montpellier. Depuis le vote de la loi 3DS,
se pose la question de la suppression de la gratuité sur notre territoire métropolitain ou son extension à
l’ensemble de la Métropole. Sa Présidente, lors du Conseil Métropolitain du 7 décembre 2023, a annoncé
relancer une étude concernant cette question. Une très bonne nouvelle pour ce principe déterminant dans la lutte contre les inégalités sociales et la planification écologique.
En effet, dans le territoire Aubagnais, la gratuité s’est avérée être une mesure sociale efficace avec une
augmentation de la fréquentation des transports en communs de plus de 200 %. Elle a permis de lutter
contre la baisse du pouvoir d’achat des ménages et a participé à transformer le rapport des citoyens à
l’espace public, puisqu’il ne s’agit plus d’une simple marchandisation de la mobilité mais bien de la
liberté de déplacement accessible à toutes et à tous. A noter que cette appropriation des biens publics
par la population a entraîné moins de dégradations et moins de stress pour les chauffeurs.
Plus qu’une simple mesure, il s’agit là d’un réel choix de société !
Un enjeu de santé publique
A l’heure de l’immense défi qu’est le dérèglement climatique, la sobriété énergétique doit être une
priorité et par extension, la lutte contre la pollution de l’air, qui constitue un important enjeu de santé
publique. Selon une étude demandée par le Sénat, les maladies cardiaques et respiratoires dues à la
pollution urbaine causeraient environ 50 000 décès par an en France et près de 5 000 en région PACA.
L’Agence Européenne pour l’Environnement explique que le triangle Toulon, Marseille et Aix-enProvence est la zone française où le taux de pollution à l’ozone, principalement émis par le trafic routier,
est le plus important.
Il est donc urgent de diminuer cette pollution urbaine générée en grande partie par les véhicules
thermiques. L’exemple des ZFE en centre-ville, comme à Marseille, illustre bien le fait que le problème
est pris à l’envers et qu’il est avant tout nécessaire de réduire au minimum l’utilisation des véhicules
particuliers. Pour ce faire, développer massivement les réseaux de transports en commun et encourager
leur utilisation par une mesure forte telle que la gratuité est une évidence.
Financer une mesure d’intérêt général
Il est tout à fait possible de financer cette gratuité via plusieurs mesures comme le versement mobilité,
qui représente aujourd’hui 2% de la masse salariale des entreprises ayant plus de 11 salariés. En
l’augmentant à 3,20%, comme en Ile de France, par un simple amendement de la Loi sur les Métropoles,
il serait possible d’obtenir 150 millions d’euros supplémentaires pour financer la part du ticket d’accès
payé par les usagers de notre Métropole qui se monte, aujourd’hui, à 120 millions d’Euros. Il est
également possible d’accéder à des aides en provenance de la Région et de l’Union Européenne
notamment. A noter que, dès 2009, les entreprises, qui participaient déjà à hauteur de 50% des frais de
transports de leurs salariés, étaient très satisfaites des accords signés. Agir sur l’offre de mobilité à
l’échelle métropolitaine permettrait sans aucun doute de booster le développement économique et
l’attractivité du territoire.
Nous appelons à conserver le conquis social que représente l’accès gratuit aux transports publics dans
le Pays d’Aubagne et de l’Etoile ainsi que de l’étendre à toute la Métropole AMP.
Mobilisons-nous !
Crédit photo : Florian Fèvre